Bien manger sans se ruiner à Anglet

Influenceur gourmand, Christophe Rambeau partage ses découvertes culinaires sur ses réseaux sociaux sous le pseudo @chrichri_basque.

Pour la troisième année consécutive, il nous livre quelques-uns de ses coups de cœur angloys.

Sa mission : trouver des adresses assurant un équilibre quotidien entre le « bien manger » et le rapport qualité-prix.

À la Chambre d’Amour, Le Café Bleu offre une vue sur l’océan et une cuisine simple, raffinée et entièrement faite maison. Géré par Franck Oteiza et Armand Shellenberger l’établissement a obtenu en 2013 le titre de Maître Restaurateur, un véritable gage de qualité.

« Ce label est très bien mais en le voyant certains clients prennent peur car ils pensent que les prix vont être excessifs » déplore Armand.
Pourtant, je peux vous affirmer que c’est loin d’être le cas. En bord de plage, les tarifs pratiqués, ici, sont d’un très bon rapport qualité-prix !

Poissonnier de métier, Armand apporte une attention particulière au choix et à la qualité de ses produits. Il officie dans les cuisines en collaboration avec son équipe où il fume lui-même certains de ces produits comme la truite de Baïgorry ou encore le magret de canard de la ferme Arnabar.

La charcuterie, quant à elle, vient de chez Pierre Oteiza, le merlu de la criée de Saint-Jean-de-Luz, le tartare de bœuf de la coopérative Axuria et les vins de la Maison Brana. Un sourcing le plus local possible et essentiellement basque. C’est une adresse que j’ai vraiment bien aimée, avec une justesse dans chaque plat et surtout beaucoup de générosité. Tous les desserts sont maison et réalisés par le chef. D’ailleurs ses profiteroles sont dingues !

Toujours à la Chambre d’Amour, Le Lieu des Pêcheurs existe depuis six ans. Tenu par Hugo Erdocio et Jérôme Thion (ancien international de rugby), le duo a confié les rênes de la cuisine au chef Christian Tchoupé. En salle, en terrasse ou sur le rooftop, la vue est imprenable mais l’adresse ne se résume pas au panorama.

Le Lieu des Pêcheurs a un fort engagement éco-responsable car il traite tous leurs biodéchets bien avant l’obligation du 1er Janvier 2024. Deux grands bacs à compost sont aussi installés à l’extérieur du restaurant, ils servent d’engrais à leurs plantes aromatiques cultivées juste au-dessus, la boucle est bouclée. Ici, le sourcing des produits est également important. La quasi-totalité des poissons provient de la criée de Saint-Jean-de-Luz. Quant au canard fermier, il est élevé dans les Landes voisines et fourni par la Maison Paris.

La cuisine est simple, gastronomique, faite maison, avec des produits locaux et de saison. Le tout en ayant un très bon équilibre prix-qualité. Et croyez-moi, je me suis fait plaisir avec un tartare de thon frais coupé au couteau ou bien encore avec la lotte snackée avec sa sauce au Serrano accompagnée d’un riz à l’encre de seiche. C’était excellent !

Tout en bleu, le Maitasuna a des allures de cidrerie marine avec la particularité de quasi tout cuire au feu de bois. Le chef Jonathan Gros maîtrise à la perfection les cuissons sur ce monstre de grill de 2,5m de long, réalisé sur mesure. « On ne s’improvise pas cuisinier sur ce genre de grill », me confie-t-il. Chez Maitasuna, la cuisine est française, axée sur la viande et les poissons qui sont rigoureusement sélectionnés. Il travaille les produits frais et de saison en gardant toujours à l’esprit d’avoir le meilleur rapport prix-qualité pour ses clients. Même si ce restaurant n’a que 2 ans, il est déjà devenu incontournable à la Chambre d’Amour. J’ai eu l’occasion de manger l’extraordinaire côte de bœuf Tomahawk (sa forme rappelle la hache des amérindiens). Impressionnante visuellement, son goût fait vraiment la différence… un délice gustatif. Elle était accompagnée de légumes eux aussi cuits à la perfection avec une sauce maison à tomber. Bref, vous l’aurez compris si vous êtes un amateur de viande avec ce genre de cuisson, Maitasuna est fait pour vous !

Nous faisons maintenant un arrêt dans une très sympathique adresse située à Montbrun. Voici le Bistrot Fine, une véritable institution dans ce quartier. Anaïs et Frederic Staszewski ont repris et rénové l’établissement en 2021. J’adore la décoration totalement vintage et chinée avec son carrelage en petites mosaïques d’origine, des tables en formica, des chaises en bois, comptoir en inox… En cuisine, deux excellents chefs lyonnais passés par la case Paul Bocuse, rien que ça ! Le premier arrivé, c’est Christophe Almodovar, un chef curieux à la cuisine simple, authentique et honnête dont le passe-temps favori est de faire les marchés et de rendre visite aux producteurs. Avec lui, officie Anthony Lewandowski, un habitué des tables étoilées, désireux de profiter de la proximité d’océan pour travailler les produits de la mer. Tous les deux œuvrent en complémentarité, avec des produits de saison et locaux. 80% des fruits et légumes viennent du marché, le jambon Ibaiama de la Maison Montauzer, la viande de la coopérative Axuria, le poisson de la criée de Saint-Jean-de-Luz, la volaille de la Maison Garat. Avec un Menu à 22 € (entrée, plat, dessert) cela fait le moins cher restaurant de ma sélection et c’est un sacré défi de réussir cette prouesse en faisant tout maison sans rogner sur la qualité des produits ! C’est une adresse où je me suis vraiment fait plaisir et sans chichis.

On quitte le front de mer, direction la zone artisanale de Maignon pour pénétrer chez Xokoa, un restaurant où l’on propose une cuisine de bistrot française aux influences basques. Ici, on privilégie les produits locaux, les circuits courts et le fait maison ! Je peux vous garantir que le « bien manger » chez Xokoa, c’est vraiment leur fer de lance. D’ailleurs j’ai pris leur menu à 24 € avec lequel je me suis pris une claque culinaire, car manger pour ce prix (entrée, plat et dessert) avec des produits de qualité, locaux, et le tout fait maison, cela relève du défi ! J’ai eu un coup de cœur pour leur épaule d’agneau confite en cuisson basse température qui était juste exceptionnelle, autant par la précision de la cuisson, que par la préparation qui était extrêmement gourmande. Honnêtement Xokoa était pour moi une belle surprise, tant au niveau de la qualité de la cuisine que du service et du cadre chic et moderne de ce restaurant.

Quand le végétal s’invite dans la cuisine ! Ongi Etorri Chez Maritxu, une adresse atypique située en plein cœur des serres horticoles de la famille Mendiburu. La décoration est sublime, avec un mélange de modernité et de vintage, le tout coloré d’une belle tonalité de vert qui rappelle les serres que l’on aperçoit au travers des grandes fenêtres. Le chef David Hamon pratique une cuisine typique basque pour tous et bistronomique. Élaborant sa carte au fil des saisons, il travaille des produits frais et locaux comme la volaille de la ferme Aldabia, le canard de la Maison Paris, le porc Manex. Il sait mettre en valeur en toute simplicité avec un petit plus ; l’ajout de plantes aromatiques et de certains fruits et légumes provenant des serres attenantes. On ne peut pas faire plus court comme « circuit court » ! J’ai pris le Menu du jour à 26 € (entrée, plat, dessert) et mon palais m’en remercie encore. En entrée, une sphère de boudin noir posée sur une pulpe de topinambour avec un tartare de pomme ; en plat, une échine de porc Manex avec une déclinaison de carottes ; et en dessert, une raviole coco vanille avec en dessous un tartare de fruits exotiques et dessus un beau sorbet maison au citron. Il y avait aussi le burger maison sur la carte qui me faisait de l’œil donc je pense que je vais revenir prochainement le tester… Adresse Coup de Cœur, pour le cadre, la cuisine et l’histoire familiale !

Entre le bâtisseur du goût, Mickaël Degueurce et les bâtisseurs du devoir, les Compagnons du Tour de France, il n’y a qu’un pas. Rien de surprenant si le chef angloy, précédemment à l’Avant-Scène, a pris les commandes de La Table des Compagnons au 2ème étage du bâtiment, rejoint par le chef Xavier Le Rolland. Chaque midi le restaurant propose une formule entrée, plat, dessert à 22 € avec une vue panoramique sur les Pyrénées. Au menu comme à la carte, chaque produit est sourcé, frais et local. Le poisson provient des criées de Saint-Jean-de-Luz et de Capbreton, le porc des élevages raisonnés d’Éric Ospital, le bœuf de Galice et les légumes du Couvent des Bernardines. Mention spéciale pour le bœuf maturé sur place, une marque de fabrique de cette délicieuse adresse privatisable. Depuis 2020, le restaurant accueille des événements allant jusqu’à 200 convives. Service assis ou formule cocktail tapas debout, tout est 100 % fait maison. Cerise sur le gâteau, la vue exceptionnelle depuis les deux vastes terrasses offrant un panorama unique avec la forêt d’un côté, et de l’autre la chaîne des Pyrénées.

Bien loin de l’univers élitiste que l’on veut bien lui prêter, les Compagnons du Tour de France est une institution ouverte sur le monde qui ne demande qu’à partager son savoir-faire et son histoire au public. À Anglet, le site est ouvert sur la vie locale et propose des espaces de travail privatisables, tout comme le restaurant. Ici, se croisent les compagnons voyageurs pour une année, les acteurs locaux et les badauds de passage. Cette mixité autour du savoir-faire des compagnons et de leurs chefs d’œuvres, exposés gratuitement au sein de l’espace culturel, crée la richesse du lieu.